Nous partageons, au Maghreb, une Préhistoire commune. Les frontières naturelles n’ont jamais été un obstacle au déplacement des groupes humains et à la transmission des cultures, des savoirs-faire et des modes de vie. Dans le domaine de l’art, c’est surtout dans le territoire des Capsiens, commun à l’Algérie et la Tunisie (région de Gafsa-Tébessa) que se développèrent les techniques de la sculpture (Khanguet-el-Mouhad, El Mekta,...) et de la gravure sur plaquettes de pierre (El Mekta), pour se généraliser sur l’oeuf d’autruche (Redeyef, abri 402, Kifène, Damous-el-Ahmar, pour ne citer que quelques uns des sites d’Algérie et de Tunisie). Ces œuvres d’art nous font remonter à des époques pré-Holocène, à l’Epipaléolithique. L’art rupestre serait plus récent et aurait touché d’autres contrées que celles du Capsien typique. On connaît bien l’art qui s’épanouit plus au Sud, au Sahara, ou celui qui fleurit plus à l’ouest dans l’Atlas saharien, algérien et marocain. Tout portait à croire que ce n’est qu’en quittant leur territoire d’origine que les cultures du Capsien supérieur et du Néolithique auraient développé l’art de peindre et de graver sur les parois rocheuses. Les rares stations rupestres mentionnées en Tunisie vinrent dans le sens de cette constatation et l’on entendit si peu parler de ce pays qu’on le crut pratiquement exclu de l’exercice rupestre. Les recherches menées actuellement par les préhistoriens de l’art tunisiens sont récompensées et de nouvelles découvertes sont venues enrichir nos connaissances. Des études récentes tentent de répondre à un certain nombre d’interrogations concernant bien sûr l’interprétation, l’origine, la répartition ou la chronologie de l’art rupestre en Tunisie mais aussi aux questions ayant trait à ses relations avec les cultures pré-proto-historiques, ainsi qu’au problème de sa conservation et de sa mise en valeur.