Pheradi Majus lève le voile sur une partie de son secret
La Presse (Tunis), 11 Juillet 2003,Publié sur le web le 11 Juillet 2003
Le site archéologique de Pheradi Majus, dont la fouille systématique ne remonte guère qu'à une époque relativement récente, continue de livrer aux chercheurs de nouvelles informations sur son passé. M. Samir Aounallah, archéologue en charge du site qu'il a entrepris depuis environ trois ans de sauvegarder, d'en restaurer les parties vulnérables et qui, parallèlement, y poursuit des travaux de recherches sous l'égide de l'Institut national du patrimoine, a eu, ces derniers temps, la main particulièrement heureuse en mettant au jour un petit «trésor», pour reprendre le jargon des archéologues qui jette des lumières nouvelles sur la longévité de ce site.
Disséminé sur une superficie d'environ 40 hectares, le site archéologique de Sidi Khélifa, appelé autrefois Pheradi Maius, c'est-à-dire Pheradi la Grande, vient de livrer à la communauté scientifique un nouveau trésor composé de 17 pièces de monnaie en or (solidi) pesant chacune environ 4 g. Ainsi, le patrimoine culturel et historique tunisien se trouve enrichi par cette découverte qui ramène le nombre des trésors byzantins en or découverts en Tunisie à 20. La trouvaille eut lieu le mardi 17 juin à 9h00 à l'occasion des fouilles du secteur du forum engagées par l'INP (Institut national du patrimoine) sous la responsabilité scientifique de Samir Aounallah, chargé de recherche et conservateur du site archéologique de Sidi Khélifa.
Ces pièces furent frappées aux effigies des quatre premiers empereurs byzantins : 5 pièces à l'effigie de Justinien (527-565),7 à l'effigie de Justin (565-578),1 seule à l'effigie de Tibère constant (578-582) et 4 à l'effigie de Maurice Tibère (582-602). Elles ont été déposées dans une petite cruche scellée et enterrées dans les ruines d'une boutique abandonnée dans le quartier du forum, après 602; ces détails nous permettent d'affirmer que certains bâtiments du forum, voire peut-être l'ensemble du forum, étaient déjà abandonnés depuis quelques décennies au moins.
Nous ignorons dans quelles conditions ces pièces furent cachées de cette manière par leur propriétaire: un lien avec la conquête du pays par les musulmans, en 647, et l'insécurité qui s'en est suivie est théoriquement envisageable, mais on notera que cette conquête intervient longtemps, 45 ans après le dernier empereur représenté par nos monnaies.
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